Conques sur Orbiel (Claude Gironis 2018)

Mon village n’est pas classé parmi les plus beaux villages de France, mon village n’est pas connu des touristes et des agences, mon village n’est pas inscrit sur la liste du patrimoine mondial, mais c’est mon village, tout simplement, classé au patrimoine de mon coeur. Malgré tout mon attachement à vingt ans, comme beaucoup de mes camarades, je le quittais pour des horizons nouveaux, un divorce sans consentement en quelque sorte. Il n’y a pas un jour où je ne pensais à lui, à mon enfance dans les collines, aux aventures fantastiques sur les sentiers parfumés de la garrigue, à mon quartier bien-aimé, à mon vieux clocher, à ma famille et mes amis que j’ai dû abandonner. Je sais bien que les enfants doivent grandir et se détacher, petit à petit, du cocon familial. Malgré cela, je n’imaginais pas des jours différents des jours que je vivais. Il me semblait que je serais toujours petit, que mes parents seraient constamment là, près de moi à me protéger, à m’aimer. Mais hélas on n’échappe pas au temps qui passe !... Après une longue absence me voici revenu sur ma terre natale, désormais rien ni personne ne nous séparera si ce n’est le jour où, usé et fatigué par les ans, je partirai la mort dans l’âme pour un monde nouveau. Dès lors résonneront pour l’éternité, dans ces ruelles qui m’ont vu grandir, le bruit léger de mes pas et les cris joyeux de mon enfance."