Le 8 octobre 1944, la nouvelle municipalité présidée par Félix Roquefort organise une cérémonie en l’honneur des fusillés du 8 août; on fait appel à la société de trompettes de Villegailhenc pour animer la manifestation et le tour de ville qui s’en suit. C’est au cours de ce défilé qu’une conversation a lieu entre François Blaché et Joseph Raynaud (clarinettiste de talent), il vint à l’idée du premier de constituer à Conques un groupement musical après avoir consulté la population qui l’accueille spontanément et favorablement. Toutes les familles de Conques acceptent une carte de membre honoraire, et avec l’aide d’une subvention de la mairie des premiers fonds sont récoltés. Ceux-ci sont employés à l’aménagement d’une salle de répétitions dans l’ancienne école des frères. Le 15 novembre 1944, François Blaché prit l’initiative de réunir au foyer des campagnes les anciens musiciens et les jeunes volontaires pour apprendre la musique. Après l’exposé d’usage ils formèrent un bureau provisoire et M. Paul Izard, doyen des musiciens, fut nommé directeur de musique tandis qu’Albert Oustric, ancien clairon du Génie est nommé à la tête de la batterie en qualité de tambour major. C’est ainsi que naquit le Cercle Musical Conquois. Les répétitions commencent aussitôt dans la salle pour l’harmonie et les clairons, mais en dehors du village pour les tambours dont on craint le bruit pour les voisins ; ils se réunissent dans une cabane à mi chemin de Villegailhenc où les rejoignent les tambours du village membre du Cercle, le mardi et vendredi pour la batterie, le mercredi pour les musiciens et le jeudi pour la répétition générale. Mars 1945 un concert inaugural a lieu, il est mémorable. La grille du Foyer des Campagnes doit s’ouvrir à 20h 30, mais déjà quelques personnes patientent depuis une heure, et de toutes les rues convergentes, des groupes arrivent pour se masser devant l’entrée. Lorsque le garde champêtre Jules Galibert arrive pour ouvrir, il est soulevé et porté à l’intérieur par la pression de tous ces gens avides d’une bonne place. Quand les musiciens arrivent, ils ne peuvent rentrer que par la porte des douches qui communiquent heureusement avec la scène. Ce premier concert comporte un pas redoublé avec clairons et tambours, l’harmonie quand à elle, interprète une ouverture, plusieurs fantaisies mettant en valeur des solistes, une grande valse et une sélection d’opéra. En intermède, quelques chanteurs locaux chantent des chansons, « les roses blanches » par Emilien Moutou, « frou-frou » par Paulette Danjard, « la caissière du grand café » par François Journet et «je ne suis pas bien portant » par Jean Gibert. A partir de ce moment, la musique occupe une place privilégiée dans la vie du village. La salle s’agrandit, les murs sont repeints par Albert Oustric, le mobilier est fabriqué par les trois menuisiers du village, l’éclairage est renforcé et un poêle à charbon installé. Le conseil confie rapidement à Joseph Belaud le poste de chef de musique, inlassablement, il accueille et inculque le goût de la musique à tous ces garçons. L’influence de la musique a changé la physionomie du village on entend résonner des instruments dans tous les quartiers et peu à peu une grande fraternité musicale prend forme, tous ces musiciens amateurs venus de différents horizons apprennent à se connaître et vont former une grande famille. Tous ces gens ont ainsi une double vie, professionnelle et musicale.