Conques sur Orbiel:
Tôt le matin le soleil gravit peu à peu à la force des rayons la ligne d’horizon, sa lumière blanchâtre commence à dessiner les contours du château sur fond de ciel bleu azur. La campagne s’éveille et révèle une nature aux couleurs automnales dont le charme envoutant n’a de cesse de nous enchanter. Dans ce silence assourdissant le cri rauque d’un corbeau soudain retentit au dessus des tours. Au loin les aboiements d’un chien sont couverts par le chant puissant du coq de la ferme voisine. Dans la vigne vendangée, située au pied du château, une palette de couleurs multicolores a pris possession du feuillage digne d’un tableau d’artiste. Sur le petit chemin en terre battue le bruit saccadé d’un tracteur fait fuir une compagnie d’étourneaux perchés sur un fil électrique. Les feuilles mortes commencent à se détacher des branches poussées par une petite brise matinale, elles virevoltent dans les airs comme des papillons avant de se déposer en douceur sur un tapis d’herbes mouillé par la fraîche rosée de la nuit. La terre d’un champ nouvellement labouré diffuse généreusement une agréable odeur de terroir, un lièvre de bonne taille caché dans un sillon détale subitement pour se réfugier dans l’épais feuillage d’un bosquet. Au milieu du parc arboré qui jouxte le château un écureuil se précipite sur le premier arbre venu, grimpe rapidement en direction de la cime, saute de branches en branches et disparaît sur les hauteurs. Un plaqueminier expose fièrement ses fruits brillants et dorés, un bassin en pierre de taille de forme octogonale, revêtu par endroit d’une mousse verdâtre, a depuis longtemps cessé d’être en usage. En bordure du chemin une rangée de platanes centenaires semble monter la garde. Derrière la bastide une autre allée de vieux platanes sépare deux vastes prairies sur lesquelles paissaient autrefois des vaches laitières. Plus loin la rivière coule sereinement au milieu d’une rangée d’arbres, enjambe une cascade et dans un léger bouillonnement reprend son lit caché dans un écrin de verdure. Le soir venu le soleil disparaît lentement derrière les peupliers qui bordent le cours d’eau. Dans un ultime adieu les derniers rayons déploient sur la campagne endormie, un voluptueux voilage cuivré qui enveloppe la façade de l’ancienne manufacture avant de s’étaler doucement sur les terres du domaine. Ce mélange de jaune orangé, d’ocre et de rouge ruisselle comme une rivière de lave en fusion, c’est un ravissement pour les yeux. Petit à petit la nuit s’installe, le château et le paysage se détachent en ombres chinoises, l’instant est solennel, un véritable hymne à la beauté. La nature nous gratifie parfois d’instants magiques et envoûtants, il suffit tout simplement d’être présent au bon moment!… C’était une jolie balade automnale autour du château des Saptes... "